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François Guizot
1787-1874
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Auteur Libéral conservateur
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"Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne, et vous deviendrez électeur"
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François Guizot:Présentation
Présentation de François Guizot


Anonyme
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Hobbes a "inventé" l'individu pour résoudre le problème théologico-politique, pour parer aux désastres produits par le conflit entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique. Faisant de cet individu doublement "polémique" la base d'une institution positive, il a sur lui fondé l'absolutisme. Pour parer cet absolutisme, Locke, et aussi, à sa manière, Rousseau, ont poussé plus loin la démarche hobbienne, inventé un autre individu, cette fois essentiellement pacifique et même solitaire, qui est devenu la base d'une nouvelle souveraineté - représentée dans le cas de Locke, irreprésentable dans celui de Rousseau -, supposée capable de protéger la propriété et la liberté sans despotisme. Or, l'expérience révolutionnaire française ayant prouvé qu'une telle souveraineté illimitée est un grand péril pour les libertés, Constant se dresse maintenant contre elle et invoque une sphère individuelle radicalement extérieure et donc, en principe, invulnérable à cette souveraineté. Il ne fonde pas tant son affirmation sur une nouvelle interprétation de la nature humaine ou de l'état de nature - tous les cas de figure ont déjà été remplis - que sur une interprétation de l'histoire ; mais, appuyés sur l'histoire ou la nature, cet individu reste dans son rôle "polémique" ou "oppositionnel". Constant conserve le premier moment du libéralisme, celui où l'individu "naturel" est posé contre l'ordre social tel qu'il est, et il rejette le second moment, où cet individu "naturel" est "surmonté" et en un sens nié pour que soit établie la souveraineté du peuple, constitutive de l'ordre politique tel qu'il doit être.

Le mouvement de l'esprit politique du XIXe siècle se caractérise ainsi par une étrange ronde critique : chacune des trois attitudes politiques fondamentales - libérale, réactionnaire, révolutionnaire - se définit d'abord polémiquement, occupée qu'elle est à montrer que les deux autres sont purement "critique" ou alors "critique d'elle-même", c'est-à-dire contradictoire. Et dans ce cadre général polémique, il y a un effort, intérieur à chaque position, pour la fonder positivement, et non plus seulement critiquement ; à l'intérieur de la position antilibérale et antirévolutionnaire, Comte se distingue de l'école "rétrograde" et s'oppose à elle ; à l'intérieur de l'école socialiste, Proudhon puis Péguy cherchent un substitut à la définition simplement anticapitaliste du socialisme ; et, dans le cadre du libéralisme, Guizot est certainement l'auteur qui s'est efforcé, de la façon à la fois la plus nette et la plus ample, de délivrer le libéralisme des habitudes oppositionnelles qui l'entraînaient et pour ainsi dire l'envoûtaient.

Dans les années 1820, le gouvernement est directement influencé par les "ultras". Aux yeux de Guizot, ils ne comprennent rien à la France nouvelle, ils sont plus irritants, très irritants, que véritablement dangereux. Les pouvoirs sociaux en effet ne sont plus désormais attachés à des individus ou à des familles qu'il suffirait au pouvoir politique de frapper pour se mettre à couvert de la menace qu'il redoute. "La mort d'un ennemi n'est aujourd'hui que celle d'un homme; elle ne trouble ni n'affaiblit le parti qu'il servait; si le pouvoir en est rassuré, il se trompe; son danger demeure le même, car cet homme ne le créait point." Dans ces conditions, la peine de mort est devenue un "périlleux anachronisme". Cependant, cette impuissance de la peine de mort politique ne signifie nullement que le pouvoir politique subisse à l'époque moderne un affaiblissement intrinsèque, tout au contraire. Telle est l'idée mère de Guizot : le développement politique moderne conduit à l'accroissement simultané de l'action du pouvoir sur la société et de l'influence de la société sur le pouvoir. Le pouvoir représentatif qui a la connaissance de sa position doit savoir chercher dans la société les moyens de la gouverner. Il doit faire participer à son action les influences individuelles qui y sont déjà à l'oeuvre ; pour cela un seul moyen : leur laisser une part du gouvernement. Il veut apprendre à l'opposition libérale, qui se veut le représentant de la société contre le pouvoir, à ne pas considérer le pouvoir en tant que tel comme un ennemi. Ce qui risque de rendre la France ingouvernable, ou de la condamner à être mal gouvernée, c'est bien cette conviction libérale du caractère essentiellement subordonné du pouvoir politique. Cette idée du caractère essentiellement subordonné du pouvoir politique méconnaît la dynamique spécifique et irrésistible des rapports entre l'Etat et la société civile, dynamique qui exclut que la non-intervention, le laissez-faire, laissez-passer puisse être la maxime du gouvernement. Guizot est un des premiers à avoir perçu que l'idée de gouvernement représentatif, que la distinction entre la société civile et l'Etat étaient lourdes d'une extension considérable du pouvoir de l'Etat sur la société civile, extension qui aurait sa source moins dans les propensions despotiques du pouvoir que dans la "demande sociale", comme nous disons aujourd'hui. Cette action du gouvernement sur la société signifie simultanément un accroissement du pouvoir de la société elle-même. A ses yeux, le pouvoir en tant que tel est chose essentiellement et même emphatiquement naturelle. C'est ici que Guizot, pour fonder le gouvernement représentatif, pour instituer le libéralisme comme doctrine de gouvernement, rompt avec un élément essentiel de la doctrine libérale du pouvoir politique. Ce qui donne sa couleur propre au libéralisme gouvernemental de Guizot, c'est la réconciliation ou l'harmonie qu'il affirme ou postule entre le mouvement de l'histoire et les caractéristiques de la nature humaine. Ultimement, l'autorité pour Guizot est "la nature des choses" ou "la nature de l"homme". Il est naturel à l'homme de respecter et de désirer ce pouvoir, car le pouvoir est en tant que tel chose bonne puisque expression naturelle de la "supériorité naturelle" où coïncident le fait et le droit. "Aussi faut-il, dans les institutions et les lois, se donner des garanties, d'une part contre le règne des supériorités fausses et fragiles, de l'autre contre la corruption des supériorités les plus réelles. Mais ces nécessités de la condition sociale ne changent point la nature des choses. Elles n'empêchent point qu'à parler en général le pouvoir n'appartienne à la supériorité, et partant que la supériorité ne soit la situation naturelle et légitime du pouvoir. "

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Pour lui le mouvement de l'histoire ne fait que conduire la nature humaine à son accomplissement. La philosophie de l'histoire de Guizot est subordonnée à une philosophie politique, et devrait donc être couronnée par elle. Comme Constant, Guizot critique l'idée de souveraineté du peuple, ou de souveraineté absolue en quelques mains qu'elle soit déposée, mais il le fait de façon plus radicale. Guizot rejette tout à fait l'idée d'un lieu social ou politique, d'un dépositaire humain, quel qu'il soit, de la souveraineté. A tel point que, rompant aussi bien avec toute la tradition libérale qu'avec Rousseau, il rejette l'idée d'une souveraineté de l'individu sur lui-même. Le seul souverain concevable des hommes, ce n'est pas leur volonté ni leur consentement, c'est naturellement la règle de leur volonté ou de leur consentement, à savoir : le droit, la raison, la justice, la loi morale. La souveraineté doit sans cesse être cherchée par l'action politique. Il faut que tout acteur politique soit contraint de la chercher. Par là, Guizot rencontre ou retrouve la nécessité des institutions libérales et représentatives, de la division du pouvoir. Le fond de la philosophie politique de Guizot réside en ceci qu'il rejette résolument le rôle politique fondateur de la volonté humaine, individuelle ou collective. Par là, il rompt avec toute la tradition de la philosophie moderne. Or, la distinction entre la société civile et l'Etat suppose le rôle politique fondateur de la volonté. Aussi la critique radicale adressée par Guizot à la divinisation moderne de la volonté humaine met-elle radicalement en cause la distinction entre la société civile et l'Etat. Dès lors, le contraste singulier entre les deux grands moments de la carrière politique de Guizot devient plus intelligible. L'exigence de la réforme éléctorale à laquelle il se refuse si obstinément lui semble non pas un développement naturel de l'idée représentative, mais plutôt une manifestation résiduelle de l'anarchie de la volonté léguée par la période révolutionnaire et entretenue par les doctrines du libéralisme oppositionnel, une réaffirmation arbitraire de la distance entre l'Etat et la société que le pouvoir des "capacités" a précisément comblée. En somme, Guizot admet et refuse simultanément que l'idée représentative ouvre nécessairement une histoire, voue la société au changement et le gouvernement à la réforme permanente. Guizot croyait qu'il était possible de "terminer" ou de "fixer" la Révolution. 1848 marquera l'échec de sa politique et les limites de la doctrine qui l'inspirait.

wl:François Guizot

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