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Pascal Salin
né en 1939
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Auteur minarchiste
Citations
« L'État n'a aucune justification morale ni scientifique, mais (...) constitue le pur produit de l'émergence de la violence dans les sociétés humaines. »
« La théorie keynésienne représente une aberration dans l'histoire des idées économiques. Elle repose en effet sur une approche directement en termes collectifs (par définition de variables macroéconomiques) en ignorant le caractère rationnel et volontaire de l'action humaine. »
« Les libéraux ne sont pas concernés par le marché, ils sont concernés par les droits, ce qui n'est pas du tout la même chose. »
« L'argent public finit toujours dans des poches privées. »
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Pascal Salin:L'art de la liberté
L'« indépendance » des journalistes


Anonyme


Interview parue dans Zadig été 2000, propos recueillis par Mathieu Laine

Dans son ouvrage Libéralisme, l'économiste de renommée internationale orchestre une véritable symphonie libérale. Il donne d'abord les gammes en expliquant combien le libéralisme est un humanisme et en présentant avec une grande clarté les piliers de cette philosophie (liberté, responsabilité, propriété). Puis viennent les variations. Et alors l'auteur nous emporte dans un festival d'idées. Elles sont variées et colorées et l'on se plait à voyager en sa compagnie sur les chemins d'une responsabilité restaurée. On découvre à quel point ses propositions, telles que la libre immigration, la privatisation en matière d'environnement ou le refus de réguler la mondialisation, sont autant d'alternatives pertinentes qui doivent prendre place dans les débats actuels. Pascal Salin tient un discours original, vrai, peu connu en France. Et rompant avec les clichés, il démontre combien les clés du raisonnement libéral sont respectueuses de l'homme, de son travail, de sa spécificité et de sa diversité. Une impression de grande tolérance se dégage au fil des pages. L'auteur répond véritablement à la définition de l'intellectuel au sens noble, c'est-à-dire celui qui montre le chemin, en fondant sa démarche sur un raisonnement éthiquement irréprochable. C'est en effet en philosophe qu'il dessine cette "utopie réaliste" à laquelle il aspire et dont il nous fait partager les espoirs.

Le lecteur ne devra surtout pas manquer ses nombreux exemples, dont la pédagogie est tout droit sortie de sa chaire d'économie à l'université Paris-Dauphine, comme la privatisation des éléphants d'Afrique ou les réactions rationnelles de Robinson sur son île… Il faut donc saluer le talent narratif mais aussi le courage intellectuel qui font de ce livre un " classique " que l'on pourra lire et relire. à l'heure où le libéralisme fait l'objet de tous les débats, cet ouvrage permettra à ses défenseurs comme à ses détracteurs d'en comprendre les fondements réels pour ouvrir ainsi la porte à un vrai débat. Libéralisme est sans aucun doute capital pour la compréhension de notre temps.

Zadig : Le mot libéralisme est aujourd'hui au cœur de l'actualité. Pourtant, la signification même de ce terme prête à confusion. Quelle est selon vous la définition la plus juste que l'on puisse en donner ?

Pascal Salin : Il est vrai que le libéralisme nourrit les débats actuels. On peut s'en féliciter car il a été assez longtemps presque oublié, sans doute à cause de la prédominance du collectivisme d'origine marxiste. Or, il n'y a peut-être pas de débat plus important que celui qui oppose les libéraux aux collectivistes (ou, plus généralement, aux constructivistes, c'est à dire à ceux - de gauche ou de droite - qui veulent " construire " une société idéale). Malheureu-sement, le libéralisme est souvent évoqué comme une sorte de repoussoir permettant de légitimer la pensée unique. La suprême habileté consiste alors à prétendre que " l'ultra-libéralisme " a conquis le monde, ce qui permet de lui imputer toutes les catastrophes économiques et sociales. Mais l'instauration d'une société libérale ne se résume pas à la pratique de quelques privatisations, à la libéralisation des échanges ou au développement des marchés financiers. Et c'est pourquoi il est essentiel de revenir, en effet, aux principes et de partir de concepts rigoureux. Le libéralisme est simple à définir. C'est le système de pensée consistant à faire de la liberté individuelle l'élément de référence incontournable et le critère d'évaluation de toute société humaine. Or, la liberté se définit elle-même par son contraire, c'est à dire par l'absence de contrainte illégitime. Le libéralisme implique donc nécessairement la définition de droits et c'est pourquoi la propriété et la responsabilité sont inséparables de la liberté.

Z. : A vous lire, on découvre que le libéralisme est bien plus qu'un modèle économique ou une discipline philosophique formelle. Cela devient même un art de vivre, une éthique des rapports humains, un " humanisme ". Mais alors pourquoi qualifie-t-on si souvent le libéralisme de " sauvage " ? Comment expliquez-vous ce malentendu ?

P.S. : Parce que, ainsi que nous venons de le voir, le libéralisme conduit nécessairement à la définition et à la défense des droits individuels. Il constitue le seul moyen d'organiser la coexistence de tous les êtres humains dans le respect absolu de leurs droits. Il est donc bien, ainsi que vous le dites, à la fois un art de vivre et, non pas seulement un humanisme, mais l'humanisme. Il ne peut en effet exister deux ou plusieurs humanismes, car ce serait supposer qu'il existe plusieurs natures humai-nes. Or, seul le libéralisme pense les relations humaines, sans chercher à modifier la nature humaine ou à en donner une vision erronée, mais en permettant l'épanouissement de chacun dans l'exercice de ses droits. C'est le caractère universel du libéralisme qui est au fondement sa dimension éthique. Le libéralisme est la seule vision consistant d'une part à reconnaître une " nature humaine " - par exemple le caractère rationnel de l'individu - et, d'autre part, à respecter pleinement chaque être humain dans toutes ses spécificités complètes. L'expression courante " libéralisme sauvage " est donc une contradiction dans les termes. Seul l'Etat est sauvage. Il l'est nécessairement puisqu'il dispose du monopole de la contrainte légale et non légitime. Pourquoi les hommes et les femmes de notre temps ont-ils alors le réflexe de parler de " libéralisme sauvage " mais jamais d' " étatisme sau-vage " ? L'erreur s'explique certainement soit par l'ignorance, soit par l'intérêt (ou par les deux). Il est évident que les détenteurs du pouvoir ont intérêt à falsifier les concepts. Il est aussi à leur avantage de maintenir les autres dans l'ignorance. Ils y sont arrivés, en France en particulier, en monopolisant l'éducation à tous les niveaux, sous prétexte d'instaurer un égal accès à la culture d'état. Ainsi, seuls quelques " privilégiés " ont accès à la culture libérale.

Z. : Vous donnez dans votre livre un grand nombre d'applications possibles du libéralisme. Pensez-vous que les " clés " du raisonnement libéral s'appliquent à tout sujet et à toute situation, sans exception ?

P.S. : J'ai choisi d'exposer dans Libéralisme un certain nombre de problèmes - en particulier ceux qu'on appelle parfois des " problèmes de société " - pour montrer qu'il existait toujours une solution respectueuse de la liberté individuelle (qu'il s'agisse de l'immigration, de l'environnement et de l'écologie, de l'aménagement de l'espace, de la circulation automobile, mais aussi, bien sûr, de la monnaie ou de la stabilité économique). Effectivement les " clés " du raisonnement libéral peuvent et doivent s'appliquer à tout sujet et à toute situation, absolument sans exception. C'est-à-dire, à l'inverse, que le phénomène étatique n'a aucune justification. On a du mal à admettre cette conclusion, tellement contraire aux réflexes que notre éducation a patiemment construits. Mais si l'on veut véritablement s'affirmer en hommes dont la pensée est libre, c'est un devoir moral de toujours se demander : existe-t-il une solution reposant intégralement sur la liberté individuelle et est-elle préférable ? Cela me paraît clair : il en est toujours ainsi.

Z. : En lisant Libéralisme, on comprend que vous éprouvez un vrai bonheur à être libéral. Le libéralisme rendrait-il heureux ?

P.S. : Je crois effectivement que le libéralisme rend heureux. Parce qu'il me semble être la seule vision qui permette véritablement de comprendre le monde. Mais peut-être aussi parce que le libéral, loin de se vouloir un démiurge, accepte les limitations de son savoir. Il est donc plus attentif au savoir des autres et, en même temps, il est habité par une véritable force d'espérance : celle qu'il peut avoir dans les capacités créatrices de tous les êtres humains, aussi modestes soient-ils.


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