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Guy Millière:Innocence des écolos, la stratégie de la pastèque
Innocence des écolos : stratégie de la pastèque


Anonyme


La stratégie de la pastèque est bien connue. Elle a été expliquée des dizaines de fois au travers du monde. J’ai envisagé, voici quelques années, de lui consacrer un livre qui serait venu prolonger « Écologie et liberté », le recueil que j’ai élaboré autrefois avec Max Falque, conseiller international en environnement.

C’eût été une façon d’enfoncer le clou : Max Falque et moi avions tout dit à l’époque, et il était inutile d’y revenir en détails. C’eût été une façon de dire aussi qu’un clou n’est jamais enfoncé dans un contexte où rumeurs et superstitions prennent le pas sur la connaissance. J’ai renoncé provisoirement à écrire le livre, mais il est évident que la stratégie de la pastèque se poursuit. On se dit vert, mais le rouge totalitaire est juste en dessous de la surface. Souvenez-vous.

Voici trente ans, on nous disait d’un air grave et catastrophé que la population mondiale allait exploser et que l’explosion entraînerait des famines jusque dans les banlieues de Paris, de Londres et de New York, que toutes les matières premières allaient disparaître au cours des années 1980, ce qui nous conduirait à une pénurie abominable, et que les dérèglements climatiques allaient créer un « refroidissement global » dont les conséquences seraient que, la Côte d’Azur ressemblerait à la Laponie. Ceux qui disaient tout cela nous demandaient de consommer et de produire très peu, et de nous soumettre à un grand ordre planiste.

Depuis, la population n’a pas explosé, les famines prévues n’ont pas eu lieu, les matières premières n’ont pas disparu, le refroidissement global n’est pas survenu, mais cela n’a eu aucune importance : les mémoires sont très courtes, la connaissance est plus que jamais vaine. Il est donc possible de repartir pour un tour.

Quand bien même on parle encore ici ou là de famines, de surpopulation, de pénuries, quand bien même, le temps d’un film fantastique, on montre New York sous la glace, on évite de trop se répéter. On renouvelle le stock d’inquiétudes. On parle donc de menaces pour la « biodiversité », de « trou dans la couche d’ozone », et, d’une façon de plus en plus lancinante, du fameux réchauffement global dû aux activités polluantes de l’abominable espèce à laquelle nous appartenons. Dans la foulée (comme c’est étrange), on nous demande de moins consommer, de moins produire, et on nous propose un grand ordre planiste où se mêlent taxes supplémentaires, propagande dès l’école primaire et à la télévision, restrictions de la liberté de parole, de décision, d’entreprise, abolition totale ou partielle du droit de propriété. On réunit à grands frais des « sommets » tels celui de Nairobi, voici peu. On rémunère des scientifiques domestiqués pour qu’ils tiennent le discours qu’on attend d’eux, quitte à leur demander au passage d’occulter des données gênantes que le grand public ne saurait voir.

Il est fort vraisemblable qu’il ne restera rien de tout cela dans quelques décennies, comme il ne reste rien aujourd’hui des inquiétudes précédentes. Il est à craindre que s’il reste quelque chose de tout cela, ce soit des décisions ineptes qui auront conduit l’Europe davantage encore sur la voie du suicide. Le fait que Monsieur Hulot et sa cohorte poussent les Français vers l’auto-flagellation peut détériorer l’économie française. Que le rapport Stern puisse conduire la Grande Bretagne dans la même direction que la France me paraît moins probable. Que les inepties débitées par Al Gore dans un film puissent pousser les États-Unis vers la destruction me paraît moins probable encore.

Ce qui me paraît totalement exclu est que la Chine ou l’Inde cassent leur avancée vers le développement. Ce qui me semble absolument criminel est que les bobos européens semblent dire à tous ceux qui crèvent sans électricité et sans technologies qu’ils n’ont qu’à crever, au nom de la « nature ».

Texte du 4 janvier 2007

wl:Cécile Philippe