Différences entre les versions de « Philippe Simonnot:22 mai 1670 : Louis XIV achète le roi d'Angleterre pour 2 millions de livres tournois »

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La stratégie de Louis XIV échoue sur un autre plan tout aussi vital : il ne parvient pas à empêcher en octobre 1677 le mariage de Marie, la nièce de Charles avec Guillaume d'Orange, ''stathouder'' (capitaine général) de la République, l'âme de la résistance hollandaise, et pour l'heure le pire ennemi de la France. Or Charles n'a pas d'héritier. A sa mort, c'est son frère Jacques qui montera sur le trône. Sa fille Marie, protestante, est très proche dans la ligne de succession de la Couronne anglaise. Son mariage avec Guillaume, qui est lui-même petit-fils de Charles Ier par sa mère, risque donc d'aboutir à renouer l'alliance anglo-hollandaise contre la France.
La stratégie de Louis XIV échoue sur un autre plan tout aussi vital : il ne parvient pas à empêcher en octobre 1677 le mariage de Marie, la nièce de Charles avec Guillaume d'Orange, ''stathouder'' (capitaine général) de la République, l'âme de la résistance hollandaise, et pour l'heure le pire ennemi de la France. Or Charles n'a pas d'héritier. A sa mort, c'est son frère Jacques qui montera sur le trône. Sa fille Marie, protestante, est très proche dans la ligne de succession de la Couronne anglaise. Son mariage avec Guillaume, qui est lui-même petit-fils de Charles Ier par sa mère, risque donc d'aboutir à renouer l'alliance anglo-hollandaise contre la France.
Dès l'annonce du mariage ce scénario était prévisible. La réalité le confirmera dans une version encore plus défavorable à la France. Charles meurt le 6 janvier 1685. Jacques lui succède sous le titre de Jacques II. L'alliance contre nature avec la France catholique contre un pays protestant avait miné l'autorité des Stuarts. La révocation de l'édit de Nantes (18 octobre 1685) en jetant sur les routes de l'Europe deux cent à trois cent mille huguenots détériore encore l'image de Louis et de son royal cousin. Révélés au public, les subsides français achèvent de déconsidérer Jacques II. Catholique lui-même, dévot et idéaliste, il commet maladresse sur maladresse. La pire étant de faie un enfant à sa seconde femme. Le 16 juin 1688, un garçon naît, catholique. Le nouvel héritier du trône d'Angleterre a priorité sur sa demi-soeur aînée Marie. La monarchie anglaise va-t-elle rejoindre le camp papiste pour un avenir indéterminé ? Insupportable perspective ! Alors, Guillaume d'Orange est invité à débarquer avec son armée en Angleterre, ce qu'il fait le 5 novembre 1688 à Tor Bay poussé par un « vent protestant », évidemment favorable. Il fait fuir son beau-père Jacques II, qui trouve refuge auprès de Louis XIV, lequel se serait passé d'accueillir un vaincu ; puis il monte sur le trône avec sa femme, l'un et l'autre étant couronnés roi et reine le 23 février 1689, sous le titre de Guillaume III et de Marie II, au mépris de la morale et des lois fondamentales du royaume.
Rarement révolution aura été aussi courte et efficace. Surnommée Glorieuse Révolution, elle consacre les droits du parlement et des sujets de Sa Majesté (le fameux ''Bill of rights''), les principes du libéralisme. Les nouveaux souverains, par les réformes constitutionnelles qu'ils mettent en oeuvre, font de Londres une place suffisamment crédible pour attirer notamment les capitaux hollandais. La Glorieuse Révolution s'est doublée d'une véritable révolution financière : une taxe indirecte garantit la dette publique qui, n'étant plus une dette personnelle du souverain, ressortit maintenant à la responsabilité du Parlement. Avec la création en 1695 de la Banque d'Angleterre sur le modèle de la Banque d'Amsterdam, Londres achève sa mue en place financière internationale. Derrière Guillaume et sa passion antipapiste, il faut voir le formidable pari des capitalistes bataves qui ont financé son expédition armée : choisir la ressource que la République avait en abondance — l'argent — pour rétablir un environnement international favorable dans lequel ils pourraient prospérer à nouveau.
L'échec de Louis XIV est complet. Il n'a pas empêché, il a même aidé au transfert du centre de l'économie mondiale d'Amsterdam à Londres. A cause de concepts erronés, la France n'a pas seulement perdu une bataille, elle a perdu la guerre économique, et il lui faudra un siècle pour s'en remettre.


== Notes et références ==  
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==Bibliographie==
* ''La Glorieuse Révolution d'Angleterre, 1688'', présenté par Bernard Cottret, collection « Archives », Gallimard, 1988.
* François Bluche, ''Louis XIV'', Pluriel, texte intégral
* Thomas Babington Macaulay, ''Histoire d'Angleterre, depuis l'avènement de Jacques II (1685) jusqu'à la mort de Guillaume II (1702), traduit de l'anglais par Jules de Peyronnet et Amédée Pichot, 2 tomes, Robert Laffont, collection « Bouquins ».
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