Il y a deux branches principales des sciences de l'activité humaine : la praxéologie et l'histoire.
L'histoire est le rassemblement et l'arrangement systématique de toutes les données d'expérience concernant les actions des hommes. Elle traite du contenu concret de l'agir humain. Elle étudie toutes les entreprises humaines dans leur multiplicité et leur variété infinies, et toutes les actions individuelles avec leurs implications accidentelles, spéciales, particulières. Elle scrute les idées qui guident les hommes en action et le résultat des actions accomplies. Elle embrasse sous tous leurs aspects les activités humaines.
L'action humaine, trad. française PUF, 1985, p. 34.
Dans le domaine de l'histoire humaine, une limitation semblable à celle que les théories établies expérimentalement imposent aux essais pour interpréter et élucider des évenements déterminés d'ordre physique, chimique et physiologique, est fournie par la praxéologie. La praxéologie est une science théorique et systématique, non une science historique. Son champ d'observation est l'agir des hommes en soi, indépendamment de toutes les circonstances de l'acte concret, qu'il s'agisse de cadre, de temps ou d'acteur. Son mode de cognition est purement formel et général, sans référence au contenu matériel ni aux aspects particuliers du cas qui se présente. Elle vise à une connaissance valable dans toutes les situations où les conditions correspondent exactement à celles impliquées dans ses hypothèses et déductions. Ses affirmations et ses propositions ne sont pas déduites de l'expérience. Elles sont, comme celles des mathématiques et de la logique, a priori. Elles ne sont pas susceptibles d'être vérifiées ou controuvées sur la base d'expériences ou de faits. Elles sont à la fois logiquement et chronologiquement antécédentes à toute compréhension de faits historiques. Elles sont un préalable nécessaire de toute saisie intellectuelle d'événements historiques. Sans elles, nous ne serions capables de voir dans le cours des événements rien d'autre qu'un kaléidoscope de changements et un magma chaotique.
Ibid, p. 36.