Différences entre les versions de « François Guizot:Présentation »

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|tendance = [[:wl:Libéraux conservateurs|Libéral conservateur]]
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|citations = "Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne, et vous deviendrez électeur"
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{{titre2|Présentation de François Guizot|Analyse de Catallaxia|}}
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Hobbes a "inventé" l'individu pour résoudre le problème théologico-politique, pour parer aux désastres produits par le conflit entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique. Faisant de cet individu doublement "polémique" la base d'une institution positive, il a sur lui fondé l'absolutisme. Pour parer cet absolutisme, Locke, et aussi, à sa manière, Rousseau, ont poussé plus loin la démarche hobbienne, inventé un autre individu, cette fois essentiellement pacifique et même solitaire, qui est devenu la base d'une nouvelle souveraineté - représentée dans le cas de Locke, irreprésentable dans celui de Rousseau -, supposée capable de protéger la propriété et la liberté sans despotisme. Or, l'expérience révolutionnaire française ayant prouvé qu'une telle souveraineté illimitée est un grand péril pour les libertés, Constant se dresse maintenant contre elle et invoque une sphère individuelle radicalement extérieure et donc, en principe, invulnérable à cette souveraineté. Il ne fonde pas tant son affirmation sur une nouvelle interprétation de la nature humaine ou de l'état de nature - tous les cas de figure ont déjà été remplis - que sur une interprétation de l'histoire ; mais, appuyés sur l'histoire ou la nature, cet individu reste dans son rôle "polémique" ou "oppositionnel". Constant conserve le premier moment du libéralisme, celui où l'individu "naturel" est posé contre l'ordre social tel qu'il est, et il rejette le second moment, où cet individu "naturel" est "surmonté" et en un sens nié pour que soit établie la souveraineté du peuple, constitutive de l'ordre politique tel qu'il doit être.
Hobbes a "inventé" l'individu pour résoudre le problème théologico-politique, pour parer aux désastres produits par le conflit entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique. Faisant de cet individu doublement "polémique" la base d'une institution positive, il a sur lui fondé l'absolutisme. Pour parer cet [https://www.wikiberal.org/wiki/Absolutisme absolutisme], Locke, et aussi, à sa manière, Rousseau, ont poussé plus loin la démarche hobbienne, inventé un autre individu, cette fois essentiellement pacifique et même solitaire, qui est devenu la base d'une nouvelle souveraineté - représentée dans le cas de Locke, irreprésentable dans celui de Rousseau -, supposée capable de protéger la propriété et la liberté sans despotisme. Or, l'expérience révolutionnaire française ayant prouvé qu'une telle souveraineté illimitée est un grand péril pour les libertés, Constant se dresse maintenant contre elle et invoque une sphère individuelle radicalement extérieure et donc, en principe, invulnérable à cette souveraineté. Il ne fonde pas tant son affirmation sur une nouvelle interprétation de la nature humaine ou de l'état de nature - tous les cas de figure ont déjà été remplis - que sur une interprétation de l'histoire ; mais, appuyés sur l'histoire ou la nature, cet individu reste dans son rôle "polémique" ou "oppositionnel". Constant conserve le premier moment du libéralisme, celui où l'individu "naturel" est posé contre l'ordre social tel qu'il est, et il rejette le second moment, où cet individu "naturel" est "surmonté" et en un sens nié pour que soit établie la souveraineté du peuple, constitutive de l'ordre politique tel qu'il doit être.


Le mouvement de l'esprit politique du XIXe siècle se caractérise ainsi par une étrange ronde critique : chacune des trois attitudes politiques fondamentales - libérale, réactionnaire, révolutionnaire - se définit d'abord polémiquement, occupée qu'elle est à montrer que les deux autres sont purement "critique" ou alors "critique d'elle-même", c'est-à-dire contradictoire. Et dans ce cadre général polémique, il y a un effort, intérieur à chaque position, pour la fonder positivement, et non plus seulement critiquement ; à l'intérieur de la position antilibérale et antirévolutionnaire, Comte se distingue de l'école "rétrograde" et s'oppose à elle ; à l'intérieur de l'école socialiste, Proudhon puis Péguy cherchent un substitut à la définition simplement anticapitaliste du socialisme ; et, dans le cadre du libéralisme, Guizot est certainement l'auteur qui s'est efforcé, de la façon à la fois la plus nette et la plus ample, de délivrer le libéralisme des habitudes oppositionnelles qui l'entraînaient et pour ainsi dire l'envoûtaient.
Le mouvement de l'esprit politique du XIXe siècle se caractérise ainsi par une étrange ronde critique : chacune des trois attitudes politiques fondamentales - libérale, réactionnaire, révolutionnaire - se définit d'abord polémiquement, occupée qu'elle est à montrer que les deux autres sont purement "critique" ou alors "critique d'elle-même", c'est-à-dire contradictoire. Et dans ce cadre général polémique, il y a un effort, intérieur à chaque position, pour la fonder positivement, et non plus seulement critiquement ; à l'intérieur de la position antilibérale et antirévolutionnaire, Comte se distingue de l'école "rétrograde" et s'oppose à elle ; à l'intérieur de l'école socialiste, Proudhon puis Péguy cherchent un substitut à la définition simplement anticapitaliste du socialisme ; et, dans le cadre du libéralisme, Guizot est certainement l'auteur qui s'est efforcé, de la façon à la fois la plus nette et la plus ample, de délivrer le libéralisme des habitudes oppositionnelles qui l'entraînaient et pour ainsi dire l'envoûtaient.
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