Karl Popper:Nous devons mener des guerres pour la paix
| Karl Popper | |
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| 1902-1994 | |
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| Auteur Libéral classique | |
| Citations | |
| « Le succès de Hegel marqua le début de « l'âge de la malhonnêteté » (ainsi que Schopenhauer décrivait la période de l'idéalisme allemand) et de « l'âge de l'irresponsabilité » (ainsi que K. Heiden qualifiait l'âge du totalitarisme moderne) ; d'une irresponsabilité d'abord intellectuelle puis, ce fut l'une de ses conséquences, d'une irresponsabilité morale ; d'un nouvel âge régi par les magie des mots éclatants et par le pouvoir du jargon. » | |
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| Articles internes |
Philosophe libéral du XXème siècle, Sir Karl Popper (1902-1994) a été l'un des adversaires les plus farouches de l'idéologie communiste qu'il a dénoncée dans des ouvrages comme "La société ouverte et ses ennemis" ou "Misère de l'historicisme".
En avril 1992 au lendemain de la chute du système soviétique et de la guerre du Golfe, il accorde un entretien au journal allemand Der Spiegel où il livre ses réflexions sur le monde qui vient de naître. Nous reproduisons ici une partie de cet entretien dont l'actualité est surprenante dans le contexte actuel.
[...]Der Spiegel : L'effondrement du communisme soviétique et la fin de la bipolarité n'ont pas rendu le monde plus sûr. Dans le monde entier, nous devons faire face au retour des démons nationalistes, au vagabondage des armes atomiques et aux migrations dues à la pauvreté. Sont-ce là les nouveaux ennemis des démocraties libérales ?
Karl Popper : Notre objectif premier aujourd'hui doit être la paix. Elle est très difficile à obtenir dans un monde comme le notre où sévissent des gens tels que Saddam Hussein et des dictateurs de la même espèce. Là il ne faut pas craindre de faire la guerre pour la paix. Dans les circonstances actuelles, c'est inévitable. C'est triste, mais il faut le faire si nous voulons sauver notre monde. La fermeté est ici d'une importance capitale.
Der Spiegel : Faire la guerre pour stopper la prolifération des armes de destruction massive ?
Karl Popper : En ce moment, il n'y a rien de plus important que d'empêcher la dissémination de ces bombes de fous qui sont déjà en vente au marché noir. Les Etats du monde civilisé qui n'ont pas sombré dans la folie doivent collaborer. Car encore une fois : une seule bombe de Sakharov correspond à la puissance de plusieurs milliers de bombes d'Hiroshima. Ce qui signifie que dans tout pays à forte densité de population l'explosion d'une seule bombe produirait des millions de victimes, abstraction faite des radiations qui périraient avec les années. Il ne faut pas se faire à de telles idées. Ici il faut agir.
Der Spiegel : Donc les Américains devraient à nouveau intervenir contre Saddam, s'il y a des signes indiquant qu'il se procure la bombe ?
Karl Popper : Pas seulement contre Saddam. Il faut une espèce de troupe d'intervention du monde civilisé pour les cas de guerre de ce genre. Agir de manière pacifique, à l'ancienne, serait absurde. Nous devons mener des guerres pour la paix. Mais bien entendu avec le minimum d'horreur possible. L'usage de la bombe, puisqu'il s'agit de violence, doit être empêché par la violence.
Der Spiegel : Là vous parlez presque comme les stratèges du Pentagone qui souhaitent un nouvel ordre mondial sous le signe de la Pax americana, lequel tiendrait en même temps en respect la concurrence économique du Japon et de l'Europe.
Karl Popper : Je considère qu'il est criminel de parler ainsi : on ne doit pas mêler la nécessité d'empêcher la guerre atomique avec des questions économiques. Nous devrions nous efforcer de travailler à cette Pax americana pour en faire une Pax civilitatis. C'est simplement ce qu'exige la situation actuelle. Il ne s'agit pas de détail mais de la survie de l'humanité. [...]
Note
Article issu du site Liberté-Chérie
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