Murray Rothbard:L'Homme, l'économie et l'Etat - chapitre 9
Murray Rothbard | |
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1926-1995 | |
Auteur anarcho-capitaliste | |
Citations | |
« Nous ne reconnaissons que les titres de propriété privée qui sont justes, c’est-à-dire qui découlent du droit naturel fondamental qu’a tout individu de se posséder lui-même et la propriété qu’il a lui-même transformée par son énergie, ou que d’autres ont transformée et lui ont volontairement cédée par l’échange ou le don. » « L'impôt est un vol, purement et simplement, même si ce vol est commis à un niveau colossal, auquel les criminels ordinaires n’oseraient prétendre. » « A long terme, c'est nous qui l'emporterons... La botte cessera un jour de marteler le visage de l'homme, et l'esprit de liberté brûle avec tant de force dans sa poitrine qu'aucun lavage de cerveau, aucun totalitarisme ne peuvent l'étouffer. » « L’Etat est une institution fondamentalement illégitime qui se fonde sur l’agression systématisée, le crime organisé et banalisé contre la personne et la propriété de ses sujets. Loin d’être nécessaire à la société, c’est une institution profondément anti-sociale qui parasite les activités productives des citoyens honnêtes. » | |
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Articles internes |
chapitre 9
republié en 1993 par le Ludwig von Mises Institute
traduit par Hervé de Quengo
Une note sur le sophisme de la "distribution"
Depuis l'époque des premiers économistes classiques beaucoup d'auteurs ont discuté de la "théorie de la distribution" comme si elle était totalement séparée et isolée de la théorie de la production [a]. Nous avons pourtant vu que la théorie de la "distribution" était simplement la même chose que la théorie de la production. Celui qui reçoit un revenu gagne un salaire, une rente, un intérêt et des augmentations de valeurs capitalisées. Ces gains sont les prix des facteurs de production. La théorie du marché détermine les prix et les rémunérations revenant aux facteurs productifs, déterminant par conséquent également la "distribution fonctionnelle" de ces facteurs. "La distribution personnelle" - la somme de monnaie que reçoit chaque personne du système productif - est déterminée, à son tour, par les fonctions que lui, ou sa propriété, représente dans ce système. Il n'y a pas de séparation entre production et distribution et les auteurs ont complètement tort de traiter le système productif comme si des producteurs déposaient leurs produits dans un stock, pour qu'ils soient plus tard "distribués" d'une façon ou d'une autre aux individus de la société. Si une pièce représentait la production sur le marché, la "distribution" n'en serait que l'autre face.
De nombreuses personnes critiquent le marché libre comme suit : Oui, nous sommes d'accord pour dire que la production et les prix seront alloués sur le marché libre de la manière la plus à même de servir les besoins du consommateur. Mais cette loi repose nécessairement sur une distribution initiale donnée du revenu au sein des consommateurs : certains consommateurs commencent avec très peu d'argent, d'autres avec beaucoup. Le système de production du marché ne peut être recommandé que si la distribution originelle du revenu rencontre notre approbation.
La distribution initiale du revenu (ou plutôt des avoirs monétaires) n'est cependant pas arrivée du ciel. Elle aussi fut la conséquence nécessaire d'une allocation des prix et de la production par le marché. Elle fut la conséquence d'actes ayant servi les besoins de consommateurs précédents. Elle ne fut pas une distribution donnée arbitrairement mais a elle-même émergé de la satisfaction des désirs du consommateur. Elle aussi fut inextricablement liée à la production.
Comme nous l'avons vu dans le chapitre 2, la propriété possédée actuellement par une personne ne peut avoir été fibnalement obtenue que de l'une des façons suivantes : via la production personnelle, l'échange volontaire contre un produit personnel, la découverte et l'usage premier d'une ressource non appropriée, ou par le vol d'un producteur. Sur un marché libre, seules les trois premières possibilités sont autorisées, de telle sorte que toute "distribution" fournie par les producteurs fut elle-même le résultat de la production et de l'échange libres.
Supposons,cependant, que, à un certain instant du passé, la majorité des riches consommateurs aient acquis leur propriété par le vol et non en rendant service aux autres consommateurs du marché libre. Ceci n'introduit-il pas un "biais à la base" dans l'économie de marché, car les producteurs futurs devront satisfaire des demandes émanant de revenus injustement acquis ?
La réponse est qu'après la période initiale, l'effet des revenus injustes deviendront de moins en moins importants. Car, pour conserver et accroître leurs gains bien mal acquis, les voleurs initiaux devront, une fois le marché libre établi, investir et récupérer leurs fonds pour servir les consommateurs correctement. S'ils ne sont pas capables de remplir ce rôle, et leurs exploits dans le vol ne les y ont certainement pas préparés, alors les pertes entrepreneuriales diminueront leurs avoirs et les producteurs les plus capables les remplaceront.
Notes
[a]. Pour une critique de certains aspects de cette séparation faite par la "nouvelle économie du bien-être", voir B.R. Rairikar, "Welfare Economics and Welfare Criteria," Indian Journal of Economics, Juillet 1953, pp. 1-15.
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