Robert Nadeau:À la mémoire de Karl Popper, 1902-1994

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Karl Popper
1902-1994
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Auteur Libéral classique
Citations
« Le succès de Hegel marqua le début de « l'âge de la malhonnêteté » (ainsi que Schopenhauer décrivait la période de l'idéalisme allemand) et de « l'âge de l'irresponsabilité » (ainsi que K. Heiden qualifiait l'âge du totalitarisme moderne) ; d'une irresponsabilité d'abord intellectuelle puis, ce fut l'une de ses conséquences, d'une irresponsabilité morale ; d'un nouvel âge régi par les magie des mots éclatants et par le pouvoir du jargon. »
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Robert Nadeau:À la mémoire de Karl Popper, 1902-1994
À la mémoire de Karl Popper, 1902-1994


Anonyme
Robert Nadeau


Publié initialement dans le Bulletin de la S.P.Q., Vol.20, Nº 3, Automne 1994, p. 35-39

Karl Popper, certainement l’un des plus grands philosophes du vingtième siècle, est mort à l’âge de 92 ans au cours de la nuit du vendredi 16 au samedi 17 septembre dans un hôpital de Croydon, petite ville du Surrey située à 16 kilomètres au sud de Londres. Il était né le 28 juillet 1902 dans un des quartiers de Vienne appelé Himmelhof.

À cette époque, la capitale autrichienne est en pleine effervescence. La vie culturelle, sociale, politique et scientifique y est particulièrement mouvementée. Popper, dont la mère est pianiste, s’intéresse énormément à la musique dans une Vienne qui voit émerger Schönberg, Berg et Webern. Étudiant personnellement le violon et le piano, il songe même à faire carrière de musicien. Ses grands-parents comptaient, du reste, parmi les membres fondateurs de la Société des amis de la musique qui fit construire la Musikvereinssaal de Vienne. Davantage attiré par Bach et Beethoven que par les dodécaphonistes, Popper sera néanmoins membre du Konservatorium de Vienne fondé par Schönberg.

Dès sa jeunesse mais, finalement, toute sa vie durant, Popper s’est vivement intéressé au sort politique du genre humain[1]. D’abord admiratif de la doctrine marxiste, qu’il dit avoir explicitement endossée au temps de son adolescence[2], il se trouve d’emblée confronté à l’oeuvre révolutionnaire de Lénine en Russie. Il se convainc assez rapidement de la non scientificité de cette doctrine et finalement de l’inanité de toute violence politique. Dès 1919, Popper récuse donc la théorie marxiste pour son “caractère dogmatique” et son “incroyable arrogance”, préférant opter pour l’attitude critique. Dans une Europe troublée et troublante, Popper en vient peu à peu à la conclusion que le fascisme et le communisme ont partie liée, et, en conséquence, après quelques années, il quitte définitivement la voie socialiste. Croyant en la désirabilité de réformer la société et son réseau d’institutions à la pièce (“piecemeal social engineering”) et démocratiquement plutôt que globalement et par la contrainte, Popper se convertit définitivement au libéralisme.

Par ailleurs, convaincu qu’il perd son temps sur les bancs du Gymnasium, il met abruptement un terme à ses études secondaires et décide de passer à l’université, d’abord comme étudiant libre, c’est-à-dire sans passer l’examen d’entrée, puis comme étudiant officiellement immatriculé, à partir de 1922. Il y suivra des cours dans les disciplines les plus diverses, pour finalement concentrer son intérêt dans l’étude de la physique et des mathématiques. Certains de ses professeurs sont d’ailleurs des mathématiciens de grande réputation, entre autres Wirtinger et Furtwängler. Mais c’est Hans Hahn, lui qui joindra dès le début les rangs du Cercle de Vienne que fonderont conjointement Otto Neurath et Rudolf Carnap au début des années vingt, qui le marquera le plus fortement. Durant toutes ces années de formation fondamentale, Popper aura de nombreuses autres occupations. Par exemple, il sera un temps travailleur social et s’occupera d’enfants abandonnés. Il travaillera également dans les dispensaires d’Alfred Adler, puis comme terrassier, comme professeur à la leçon auprès d’étudiants américains, et aussi, de 1922 à 1924, comme apprenti ébéniste. Finalement, ses diplômes universitaires en poche, Popper entreprendra en 1930, année de son mariage, une carrière de professeur de lycée, où il enseignera ses matières de prédilection, à savoir les mathématiques et la physique mais aussi la chimie.

Ayant finalement opté pour l’analyse et la réflexion plutôt que pour l’action militante, c’est plutôt la science sous toutes ses formes et dans toutes ses prouesses, qui saura finalement captiver Karl Popper. Jeune universitaire, il s’intéresse en particulier à la psychologie. Sa thèse de doctorat en philosophie, qu’il dépose en 1928 sous la direction du psycholinguiste Karl Bühler, est intitulée Du problème de la méthode en psychologie de la pensée. Bühler exercera d’ailleurs une profonde influence sur Popper. C’est de Bühler, en effet, que Popper reprendra la distinction capitale entre la fonction argumentative du langage humain et ses fonctions expressive et descriptive, une distinction destinée à jouer un rôle central dans sa méthodologie de la pensée scientifique.

Au cours de cette période de jeunesse, Popper en est venu ainsi progressivement à élargir ses horizons philosophiques. Il s’est intéressé aux développements théoriques de la physique nouvelle, et donc aux travaux d’Einstein, de Planck, de Bohr et de Schrödinger. Il s’est intéressé aussi, et de manière fondamentale, à la théorie de l’évolution de Darwin, dont le schéma fournira en quelque sorte le leitmotiv de son “épistémologie évolutionnaire”, essentiellement basée sur la notion d’apprentissage par essais et erreurs. Il a porté également un intérêt énorme aux développements de la logique et des mathématiques, intérêt qu’il prolongera en s’intéressessant plus tard au travaux de Gödel et de Tarski ainsi qu’à la théorie des probabilités, pour laquelle il élaborera une axiomatisation différente de celle de Kolmogorov[3].

Mais à vingt-six ans, Popper est docteur en philosophie et très vite, il fréquente le Cercle de Vienne sans endosser et, bien au contraire, en critiquant ouvertement le positivisme logique des membres de ce groupe multidisciplinaire dont l’inspirateur est Moritz Schlick (le “Manifeste” publié en 1929 lui est dédié) mais dont la figure dominante sera sans nul doute Rudolf Carnap, avec qui Popper croisera le fer sur plusieurs questions techniques et difficiles, dont celle de l’induction et de la signification des énoncés métaphysiques.

Popper est en quelque sorte cponsidéré à cette époque comme l’ “opposition officielle” au Cercle de Vienne puisqu’il n’en admet pas la doctrine vérificationniste et inductiviste. Au cours de cette période, il rédige un ouvrage, resté alors inédit mais publié depuis[4] et que l’on peut aujourd’hui considérer comme le brouillon de l’ouvrage qu’il fera paraître en 1934 sous le titre Logik der Forschung, un ouvrage majeur dont il sera question plus loin.

Mais suite à la Première Guerre mondiale, l’Empire autrichien s’était effondré et les temps étaient devenus, on s’en doute, extrêmement durs pour tout le monde. L’occident capitaliste tout entier vit d’ailleurs à cette période les séquelles du crash boursier de 1929. Vienne connaît donc la famine, le chômage, les émeutes, et bientôt la montée du nazisme. Popper est juif, et sous la poussée de l’antisémitisme, il se voit contraint de s’exiler en Nouvelle-Zélande, où il enseignera à partir de 1937 à la Canterbury University College de Christchurch.

Intéressé à retourner faire carrière en Angleterre après la guerre, il sera, aussi invraisemblable que cela puisse paraître aujourd’hui, incapable de décrocher un poste dans une des grandes universités britanniques. Son Misère de l’historicisme sera même refusé par la prestigieuse revue Mind et sera publié sous forme d’articles dans la revue Economica que dirige alors Friedrich Hayek. Finalement, Hayek convaincra Lionel Robbins, qui dirige les destinées du London School of Economics, d’embaucher Popper. Popper y entrera en 1946 où il enseignera, à partir de 1949, la logique et la méthodologie des sciences.

Popper sera anobli en 1965 et, à sa retraite en 1969, il se retirera à Penn, dans le Buckinghamshire, où il poursuivra ses travaux de recherche et continuera de publier, à un rythme trépidant, des livres et des articles dont l’intérêt n’a plus à être démontré et qui le feront reconnaître comme l’un des plus grands philosophes de l’histoire.

De tout ce que Popper a publié - et son oeuvre est immense[5], deux oeuvres doivent sans doute être considérées comme ayant été plus marquantes que d’autres. La première est La Société ouverte et ses ennemis[6], un ouvrage extêmement polémique, que Popper appelait, du reste, «son effort de guerre», un livre qu’il écrivit au cours de son séjour en Nouvelle-Zélande. Dans cet ouvrage conçu comme une «introduction à la philosophie politique et à la philosophie de l’histoire», Popper passe en revue de manière extrêmement sévère et critique les doctrines de Platon (tome 1), puis celles de Hegel et de Marx (tome 2). Popper s’y porte à la défense de la démocratie de type parlementaire et avance l’idée que seule une société ”ouverte” - c’est-à-dire ouverte à la discussion libre, à la libre concurrence des opinions, au libre jeu des idées, et donc à la divergence de vues - est un gage de progrès infini pour l’humanité, alors qu’une société “close”, c’est-à-dire dirigée par une élite autoritaire, voire gouvernée dogmatiquement par une avant-garde savante et éclairée, est inéluctablement condamnée à la dégénérescence intellectuelle et morale, et donc, à terme, au déclin social, économique, culturel et politique[7].

Le lien entre cette philosophie politique, dont l’argument pivot est ici à peine énoncé, et la philosophie des sciences articulée dans le maître ouvrage La Logique de la découverte scientifique[8] est absolument direct et évident. En effet, dans ce second ouvrage mémorable, Popper avance l’idée que le meilleur critère que l’on puisse adopter pour distinguer la science empirique authentique des tentatives pseudoscientifiques est le critère de falsifiabilité. Ce principe - qui n’est pas lui-même une théorie empirique - exige que, pour être acceptable à titre d’hypothèse informative sur le monde environnant, qu’il s’agisse du monde social ou de l’univers physique, l’on puisse déduire d’une théorie (à l’aide d’énoncés auxiliaires) au moins un “énoncé de base” qui pourrait en principe être pris en défaut, c’est-à-dire qui pourrait éventuellement être contredit par un énoncé singulier d’observation que, par ailleurs, l’on accepterait.

Il vaut la peine de relever que, quand il entreprit d’établir la version anglaise de sa Logik der Forschung en 1954, Popper voulut augmenter son livre d’une postface. Le texte de la postface était destiné à permettre à Popper de faire le point sur les nombreuses questions philosophiques, plus délicates et plus complexes les unes que les autres, sur lesquelles il avait pris position vingt ans auparavant. Cette stratégie d’exposé avait également l’avantage de lui permettre de conserver tel quel le texte du livre écrit vingt ans plus tôt. C’est pourquoi, tout au long de l’ouvrage qu’il publie en 1959, Popper se réfère répétitivement à son Postscript- After Twenty Years. Malencontreusement, pour des raisons liées en partie au fait que le texte de la postface avait cru hors de proportion et en partie au fait que, atteint d’une grave maladie des yeux, Popper s’était vu dans l’impossibilité de corriger les épreuves de ce texte, le Postscript ne vit pas le jour en 1959. Popper avait dû se résigner à abandonner le projet de le publier en appendice à sa Logique pour ne pas retarder indûment la parution de son ouvrage. La publication du Postscript fut retardée jusqu’à ce qu’un élève et discipliple de Popper, William Bartley, lui propose de se charger lui-même de cette publication[9]. La lecture de ce texte, qui a longtemps circulé sous forme d’épreuves au sein d’un cercle restreint d’élèves et d’amis de Popper, est indispensable, on le sait maintenant, pour être en mesure de vraiment saisir le contenu et la portée véritables de la philosophie des sciences de Popper.

Cela dit, bien que moins sollicitée par les sciences sociales que par les sciences de la nature, Popper n’en accorde pas moins une place relativement importante à l’analyse de l’histoire, de la sociologie et de l’économique. Rejetant comme nulle et non avenue la thèse de l’existence de “lois historiques inéluctables”, Popper n’accepte pas l’idée que l’histoire humaine suive un pattern d’évolution nécessaire et prévisible, préférant penser que l’avenir de l’humanité est ouvert[10] puisqu’il dépend en grande partie des états futurs de notre savoir, et puisque ces états futurs sont, par définition, inconnaissables à l’avance[11]. De plus, adoptant le principe de l’individualisme méthodologique suivant lequel toute explication d’événements ou de phénomènes sociaux, à savoir des réalités “collectives” par nature, doit être ultimement basée sur l’analyse de l’action des individus et sur celle des conséquences non intentionnelles de leurs décisions, Popper refuse néanmoins la réductibilité de la sociologie à la psychologie et reconnaît donc à cette discipline une autonomie relative au sein des disciplines scientifiques[12]. Enfin, Popper fait en quelque sorte de l’économique néo-classique, basée sur la théorie marginaliste de la valeur et sur le postulat microéconomique voulant que tout agent cherche à maximiser sa fonction d’utilité compte tenu de ses contraintes budgétaires, la plus réussie et, pour cette raison, le modèle méthodologique des sciences sociales. Car, aux yeux de Popper, cette théorie économique fournit à toutes les sciences sociales un schéma d’explication fondamental et indispensable, puisque, selon lui, toutes ces disciplines se voient forcées de recourir au principe de rationalité pour rendre compte du choix délibératif d’un cours d’action, et donc de toute décision humaine[13]

Il faut le dire, l’oeuvre de Karl Popper est assurément l’une des grandes réalisations intellectuelles de l’histoire de la philosophie. Sa philosophie des sciences, en particulier, a déjà fait date. Les philosophes de divers horizons ont, du reste, tenu cette oeuvre en haute estime, même si c’était finalement pour la critiquer, ce que les propres disciples de Popper, et au premier chef Imre Lakatos et Paul Feyerabend, mais aussi de nombreux autres penseurs (Theodor Adorno, Adolf Grünbaum et Mario Bunge pour n’en nommer que trois) ne se sont pas gênés de faire.

Cependant, il est exceptionnel qu’autant de scientifiques aient également reconnu la profonde influence exercée par la philosophie de Popper sur leur propre démarche. Je n’en mentionne que trois. Dans son discours de réception du Prix Nobel de médecine en 1960, Peter Medawar qualifiait déjà Popper de «plus grand philosophe des sciences qui ait jamais existé». Jacques Monod, également récipiendaire d’un Prix Nobel de médecine en 1965, déclara en 1973, en signant la «Préface» à l’édition française de La Logique de la découverte scientifique, que Popper exerça une influence méthodologique tout à fait marquante sur ses travaux personnels. Enfin Friedrich Hayek, en recevant le Prix Nobel de science économique en 1974, reconnut solennellement à quel point il était redevable au falsificationnisme de Popper.

L’apport de Popper ne se limite évidemment pas à la logique et à la méthodologie des sciences, Néanmoins, peut-être reconnaîtra-t-on un jour que c’est en ce domaine philosophique que Popper a été le plus audacieux, une qualité intellectuelle qu’il prisait plus que toute autre.

Notes

  1. Alain Boyer, qui dit avoir rencontré Popper pour la dernière fois en 1993, affirme qu’à ce moment Popper était tout particulièrement affecté par l’évolution du drame bosniaque.
  2. Sur cette question mais aussi sur toutes les autres qui seront traitées ici, on se référera à sa remarquable autobiographie intellectuelle intitulée La quête inachevée (trad. Renée Bouveresse, Paris, Calmann-Lévy, 1981).
  3. Il vaut sans doute la peine de noter que Hugues Leblanc, logicien d’origine québécoise de réputation internationale maintenant chercheur associé au département de philosophie de l’UQAM et dont les travaux sont, pour l’essentiel, centrés sur la théorie des probabilités, accorde une place tout à fait privilégiée à l’analyse poppérienne.
  4. Die Beiden Grundprobleme der Erkenntnistheorie (en français: Les deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance) a paru en 1979 à Tübingen aux éditions J.C.B. Mohr (Paul Siebeck)
  5. Cette oeuvre couvre les domaines les plus divers mais aussi les plus pointus de la philosophie contemporaine: philosophie politique, épistémologie, logique, méthodologie, philosophie de la physique, philosophie de la biologie, philosophie de la psychologie, métaphysique, cosmologie, etc. Elle a été et est encore aujourd’hui au centre des discussions les plus vives et aussi les plus controversées. Pour en avoir une idée, on pourra consulter, entre autres, l’ouvrage collectif The Philosophy of Karl Popper (2 vols., P.A. Schilpp. ed., Open Court, Illinois, The Library of Living Philosophers, 1974), qui contient en outre une bibliographie des publications de Popper jusqu’à cette date. La liste des ouvrages de langue anglaise consacrés à Popper est trop longue pour être donnée ici. Par contre, en français, on consultera, en plus de ceux mentionnés plus loin (v. note 11) : Alain Boyer, Karl Popper: une épistémologie laïque ? (Paris, École Normale Supérieure, 1978); Renée Bouveresse, Karl Popper ou le rationalisme critique (2e éd., revue et mise à jour, Paris, Vrin, 1981); Jean-François Malherbe, La philosophie de Karl Popper et le positivisme logique (Paris, P.U.F., 1980); Dominique Lecourt, L’ordre et les jeux (Paris, Grasset, 1981); Jean Baudouin, Karl Popper (Paris, P.U.F., 1989); et aussi le collectif publié sous la direction de Renée Bouveresse, Karl Popper et la science d’aujourd’hui (Actes du colloque de Cerisy-la-Salle de juillet 1981, Paris, Aubier, 1989). Notons qu’Alain Boyer, le meilleur spécialiste français du corpus poppérien, annonce pour l’an prochain la publication de son “introduction à la lecture de Popper”, un ouvrage fort attendu.
  6. The Open Society and Its Enemies (2 vols.) a paru initialement en 1945 (la préface de la première édition datant de 1943) mais a connu depuis de nombreuses rééditions, revues, corrigées et augmentées (j’utilise pour ma part la 5e édition qui a vu le jour à la Princeton University Press en 1966). On notera que la traduction française n’est malheureusement pas complète puisqu’elle a été abrégée «à l’intention du public français» (La société ouverte et ses ennemis, 2 tomes, trad. par Jacqueline Bernard et Philippe Monod, Paris, Seuil, 1979).
  7. Pour avoir une idée des toutes dernières réflexions politiques de Popper, on consultera La Leçon de ce siècle, un entretien que Karl Popper a accordé au philosophe italien Giancarlo Bosetti, suivi de deux articles de Popper, à savoir «Deux essais sur la liberté» et «L’État démocratique» (trad. franç., Paris, Anatolia Éditions, 1993).
  8. L’ouvrage original écrit en allemand (Logik der Forschung, c’est-à-dire, littéralement, Logique de la recherche) a paru en 1934 mais avec la mention de l’année 1935. L’édition en langue anglaise, entièrement refondue par Popper lui-même et augmentée de toute une série d’appendices, a paru à Londres en 1959 sous le titre The Logic of Scientific Discovery, alors que, paradoxalement peut-être, Popper y soutient explicitement la thèse qu’il n’existe pas d’algorithme logique permettant de découvrir des théories scientifiques. La traduction française de cette oeuvre monumentale et magistrale, fautive et déficiente à plusieurs égards, et qui, pour cette raison, aurait besoin d’être révisée en profondeur comme le fut il y a quelques années la traduction française de La Structure des révolutions scientifiques de Thomas Kuhn, est dûe à Nicole Thyssen-Rutten et Philippe Devaux (Paris, Payot, 1973).
  9. L’extraordinaire texte de la postface est maintenant disponible en trois tomes, soit Vol. I: Realism and the Aim of Science; Vol. II: Quantum Theory and the Schism in Physics; et Vol. III: The Open Universe. An Argument for Indeterminism (Totowa, New Jersey Rowman and Littlefield, Edited by William W. Bartley, III, 1982-83). Seuls le tome 1 (Le réalisme et la science, traduit par Alain Boyer et Daniel Andler, Paris, Hermann, 1990) et le tome 3 (L’Univers irrésolu. Plaidoyer pour l’indéterminisme, traduit par Renée Bouveresse, Paris, Hermann, 1984) sont à ce jour disponibles en français, la traduction du tome 2 devant voir le jour sous peu.
  10. Cf. L’avenir est ouvert. Entretiens avec Konrad Lorenz et Karl Popper (Paris, Flammarion, 1991).
  11. C’est le fameux argument développé dans la préface de Misère de l’historicisme (trad. de Hervé Rousseau, Paris, Librairie Plon, 1956; nouvelle éd., révisée et augmentée par Renée Bouveresse à la demande de Sir Karl Popper, Paris, Presses Pocket, 1988). Sur Popper et sa conception de l’histoire comme discipline scientifique non théorique, on lira l’ouvrage de Jacques Ruelland, De l’épistémologie à la politique. La philosophie de l’histoire de Karl Popper (Paris, P.U.F., 1991) et aussi celui d’Alain Boyer, L’explication en histoire (Paris, Presses Universitaires de Lille, 1992).
  12. Cf. «La logique des sciences sociales», dans Theodor Adorno et Karl Popper, De Vienne à Francfort, la querelle allemande des sciences sociales (Bruxelles, Éditions Complexe, 1979, p. 75-90).
  13. Cf. «La rationalité et le statut du principe de rationalité», dans Emil M. Claassen, dir. de la publ., Les Fondements Philosophiques des Systèmes Économiques (Paris, Payot, 1967, p.142-150). L’original n’a paru que beaucoup plus tard ("The Rationality Principle", dans David Miller, ed., Popper Selections, Princeton: Princeton University Press, 1982, p. 357-365). Pour une critique de l’argumentation de Popper sur cette question, on consultera mon article «Confuting Popper on the Rationality Principle» (Philosophy of the Social Sciences, Vol.23, Nº.4, décembre 1993, p.446-467).

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