La crise : chômage et baisse du niveau de vie, n'est pas due à la fatalité. C'est une déficience de la société. Pendant les trente années de l'après-guerre, il y eut assez de gens entreprenants pour créer et développer des entreprises, donc des emplois et de la richesse. On a négligé les conditions de prospérité des entreprises, tant cette santé paraissait naturelle. On ne se soucie guère de son foie lorsqu'il remplit son office et permet de goûter au plaisir du boire et du manger.
Pour retrouver la prospérité et l'emploi, il faut soigner l'entreprise afin que la fonction sociale qui est la sienne soit à nouveau bien remplie. Comme l'on soigne son foie, en s'abstenant d'alcool notamment, lorsqu'il le faut. Non pas pour le foie, mais pour l'homme.
La France a besoin qu'il y ait plus de Français entreprenants et que ces entreprenants développent leurs actions avec plus de vigueur, avec plus de succès. Alors on recommencera à créer des emplois, à élargir la production, alors le niveau de vie retrouvera le chemin du progrès.
Les entreprenants sont des optimistes qui, animés de puissants désirs, font preuve de courage en prenant des risques et en faisant des efforts. Depuis des millénaires, l'humanité avance sur les chemins ouverts par des novateurs : aventuriers autrefois, ingénieurs à notre époque, marchands toujours. Ainsi deux catégories d'hommes, non pas deux races, mais deux attitudes. On n'est pas entreprenant par naissance, mais par volonté. Tel qui fut un suiveur peut décider d'entreprendre, tandis que cet autre qui fut entrepreneur, peut baisser les bras. Aussi bien il existe toute une gamme selon l'ampleur de l'entreprise dont on assume la responsabilité.
Les entreprenants qui réussissent ont de la chance. Parce qu'ils n'ont pas craint de la solliciter. Parce qu'ils ont été assez audacieux pour obtenir de la fortune ce sourire qu'elle n'accorde qu'à ceux qui croient pouvoir faire sa conquête. On les dit vaniteux de leur succès. En vérité, ils sont fiers des efforts qu'ils ont accomplis, des craintes et parfois des peurs que — solitaires — ils ont surmontées. Pour gagner, il faut ne pas douter de soi et l'on peut se prendre au sérieux.
Les entreprenants critiquent la politique d'hier et plus encore celle d'aujourd'hui. Mais ils doivent donner un contenu positif à leur réflexion et proposer ce que l'Etat doit faire et surtout ne pas faire pour que la fonction entrepreneuriale soit efficacement remplie.
Dès à présent, on connaît les deux valeurs qu'il faut restaurer dans la nation, que respectent les entreprenants et qui doivent inspirer le plus grand nombre possible de Français : courage et discipline.
Le courage devant le risque, le courage devant le travail : ne pas avoir peur, avoir du goût pour l'effort. Prendre des initiatives hardies et les mener à terme à force d'énergie obstinée.
La discipline, ce n'est pas l'obéissance à un formalisme, c'est d'une part le respect des autres, du code de conduite nécessaire à l'harmonie sociale comme les automobilistes le savent, c'est d'autre part subordonner des moyens à une fin, accepter de réfréner ses désirs subsidiaires pour satisfaire son dessein principal.
Oui, ce sont des valeurs qu'exaltent la droite et même l'extrême droite, ce sont des valeurs anciennes. Et puis après. Si aujourd'hui notre société a besoin de plus de courage et de plus de discipline, il faut qu'elle les apprenne. N'ayez pas peur, la discipline telle que la vivent les entreprenants n'étouffera jamais cette liberté qui conditionne leur vie. Pour retrouver la prospérité, il faut éliminer le fatalisme et l'anarchie. Les entreprenants le savent, ils doivent le dire et entraîner ainsi ceux des clercs qui ont conscience que leur devoir est d'entreprendre une révolution intellectuelle et morale. Plus les Français seront disciplinés et courageux, plus ils seront constructifs, heureux et plus la contribution de la France au progrès humain sera forte.