Différences entre les versions de « Jacques de Guenin:La farce de la taxe Tobin »

Aller à la navigation Aller à la recherche
m
aucun résumé de modification
(Nouvelle page : {{Infobox Auteur|nom=Jacques de Guenin |image=100px |dates = 1931 - |tendance = Minarchiste |citations = |liens = [[:wl:Jacques de Guenin|Wikibér...)
 
m
 
Ligne 13 : Ligne 13 :


''"Comment fonctionne la spéculation?''<br />
''"Comment fonctionne la spéculation?''<br />
''Elle s'appuie sur la fluctuation des taux de change, la mobilité des capitaux, et les outils informatiques des banques. Prenons un exemple :
''Elle s'appuie sur la fluctuation des taux de change, la mobilité des capitaux, et les outils informatiques des banques. Prenons un exemple :''
Les taux de change entre les devises étant dérégulés, le dollar peut être plus cher à Tokyo qu'à New York. Par ailleurs la circulation des capitaux étant libres, un spéculateur peut en profiter pour acheter de grosses quantités de dollars aux États-Unis et les revendre plus cher au Japon. Enfin, grâce aux moyens informatiques, il peut recommencer cette opération plusieurs centaines de fois dans une même journée et dégager d'énormes bénéfices."''
 
''Les taux de change entre les devises étant dérégulés, le dollar peut être plus cher à Tokyo qu'à New York. Par ailleurs la circulation des capitaux étant libres, un spéculateur peut en profiter pour acheter de grosses quantités de dollars aux États-Unis et les revendre plus cher au Japon. Enfin, grâce aux moyens informatiques, il peut recommencer cette opération plusieurs centaines de fois dans une même journée et dégager d'énormes bénéfices."''


Autant de mots, autant de bêtises! Comme [[:wl:Florin Aftalion|Florin Aftalion]] l'a si bien expliqué dans un article des ''Échos'', le marché des changes est mis en œuvre  par des milliers de cambistes. Ces cambistes exécutent les ordres qui viennent d'entreprises ayant des devises à vendre ou à acheter à la suite de leurs opérations industrielles et commerciales. Chaque cambiste travaille en liaison étroite avec d'autres cambistes, car il n'a pas forcément lui-même la quantité de devises qui correspond aux besoins du client. Si un cambiste estime avoir un excédent d'euros et un déficit de dollars, il doit vendre des euros pour acheter des dollars. Pour cela il appelle un autre cambiste et lui demande une cotation. Son collègue répond par deux nombres : un qui correspond au cours en dollars auquel il achète les euros, l'autre au cours auquel il les vend. '''La différence entre ces deux nombres n'est que de quelques dix millièmes du cours'''. Fort de ces informations, notre premier cambiste peut décider ou non de vendre ses euros à son collègue contre des dollars. '''Celui-ci ne peut refuser sous peine de se voir exclure du marché'''. S'il n'a pas lui-même assez de dollars, il devra à son tour se les procurer. Mais en général, le cambiste qui lui fournit la contrepartie a le même problème que lui. Il doit à son tour ajuster sa position. Une cascade d'opérations a ainsi lieu jusqu'à ce que finalement chaque opérateur soit à peu près satisfait de ses nouvelles positions. Cela explique le phénomène qui intrigue tant les ignorants, que tout euro dépensé dans une transaction purement commerciale, entraîne le mouvement de 6 à 7 euros de transactions financières.
Autant de mots, autant de bêtises! Comme [[:wl:Florin Aftalion|Florin Aftalion]] l'a si bien expliqué dans un article des ''Échos'', le marché des changes est mis en œuvre  par des milliers de cambistes. Ces cambistes exécutent les ordres qui viennent d'entreprises ayant des devises à vendre ou à acheter à la suite de leurs opérations industrielles et commerciales. Chaque cambiste travaille en liaison étroite avec d'autres cambistes, car il n'a pas forcément lui-même la quantité de devises qui correspond aux besoins du client. Si un cambiste estime avoir un excédent d'euros et un déficit de dollars, il doit vendre des euros pour acheter des dollars. Pour cela il appelle un autre cambiste et lui demande une cotation. Son collègue répond par deux nombres : un qui correspond au cours en dollars auquel il achète les euros, l'autre au cours auquel il les vend. '''La différence entre ces deux nombres n'est que de quelques dix millièmes du cours'''. Fort de ces informations, notre premier cambiste peut décider ou non de vendre ses euros à son collègue contre des dollars. '''Celui-ci ne peut refuser sous peine de se voir exclure du marché'''. S'il n'a pas lui-même assez de dollars, il devra à son tour se les procurer. Mais en général, le cambiste qui lui fournit la contrepartie a le même problème que lui. Il doit à son tour ajuster sa position. Une cascade d'opérations a ainsi lieu jusqu'à ce que finalement chaque opérateur soit à peu près satisfait de ses nouvelles positions. Cela explique le phénomène qui intrigue tant les ignorants, que tout euro dépensé dans une transaction purement commerciale, entraîne le mouvement de 6 à 7 euros de transactions financières.
Ligne 26 : Ligne 27 :


Pourtant même à cette époque, l'idée de Tobin était loin de faire l'unanimité parmi les grands économistes. '''Il faut d'abord prendre conscience que ce n'est pas pour cette idée que Tobin a eu le prix Nobel.''' Il l'a eu en 1981, avec Harry Markovitz pour ses analyses sur la répartition que font les individus et les entreprises entre leurs différentes catégories d'actifs et de dettes.
Pourtant même à cette époque, l'idée de Tobin était loin de faire l'unanimité parmi les grands économistes. '''Il faut d'abord prendre conscience que ce n'est pas pour cette idée que Tobin a eu le prix Nobel.''' Il l'a eu en 1981, avec Harry Markovitz pour ses analyses sur la répartition que font les individus et les entreprises entre leurs différentes catégories d'actifs et de dettes.
Plusieurs prix Nobel parmi les plus connus ont publiquement pris parti contre la taxe Tobin, notamment Milton Friedman et Robert Mundell, pour essentiellement trois raisons :
Plusieurs prix Nobel parmi les plus connus ont publiquement pris parti contre la taxe Tobin, notamment Milton Friedman et Robert Mundell, pour essentiellement trois raisons :
1. Il est idiot d'infliger des punitions monétaires, si faibles soient-elles et encore moins des complications administratives aux transactions financières utiles.
# Il est idiot d'infliger des punitions monétaires, si faibles soient-elles et encore moins des complications administratives aux transactions financières utiles.
2. Quant à la spéculation proprement dite, ce n'est certainement pas des taux de 0,5% qui vont la décourager.
# Quant à la spéculation proprement dite, ce n'est certainement pas des taux de 0,5% qui vont la décourager.
3. Cette spéculation joue un rôle utile en dissuadant les gouvernements de faire de l'inflation, qui est un vol pur et simple, aux dépens de leur monnaies et de leurs sujets.
# Cette spéculation joue un rôle utile en dissuadant les gouvernements de faire de l'inflation, qui est un vol pur et simple, aux dépens de leur monnaies et de leurs sujets.
 
Mais l'argument essentiel contre l'usage que veut faire ATTAC de sa taxe vient de Tobin lui-même. Les deux années précédant sa mort (il est mort à 84 ans le 11 mars 2002), il s'est publiquement désolidarisé d'ATTAC en au moins trois circonstances :  
Mais l'argument essentiel contre l'usage que veut faire ATTAC de sa taxe vient de Tobin lui-même. Les deux années précédant sa mort (il est mort à 84 ans le 11 mars 2002), il s'est publiquement désolidarisé d'ATTAC en au moins trois circonstances :  
- dans un entretien accordé à "Politique Internationale" en décembre 1998 et reproduit dans le livre Vingt économistes face à la crise par Henri Lepage et Patrick Wasjman (Odile Jacob, Opus, 1999).  
* dans un entretien accordé à ''Politique Internationale'' en décembre 1998 et reproduit dans le livre Vingt économistes face à la crise par Henri Lepage et Patrick Wasjman (Odile Jacob, Opus, 1999).  
- dans un entretien avec le Financial Times reproduit par les Echos le 11 septembre 2001.
* dans un entretien avec le ''Financial Times'' reproduit par ''les Echos'' le 11 septembre 2001.
- dans un entretien accordé à der Spiegel le 3 septembre 2001 et reproduit par le Monde le 10 septembre 2001. En voici quelques extraits :
* dans un entretien accordé à der Spiegel le 3 septembre 2001 et reproduit par ''le Monde'' le 10 septembre 2001. En voici quelques extraits :
''"J'apprécie l'intérêt qu'on porte à mon idée , mais beaucoup de ces éloges ne viennent pas d'où il faut. Je suis économiste, et comme la plupart des économistes, je défends le libre-échange. ''
 
''"J'apprécie l'intérêt qu'on porte à mon idée , mais beaucoup de ces éloges ne viennent pas d'où il faut. Je suis économiste, et comme la plupart des économistes, je défends le libre-échange. ''[...]
''"J'estime être aujourd'hui mal compris. J'estime aussi qu'on s'est abusivement servi de mon nom pour des priorités qui ne sont pas les miennes. La taxe Tobin n'est pas un tremplin pour les réformes dont ces gens veulent. Mais que faire?"''
 
''"J'estime être aujourd'hui mal compris. J'estime aussi qu'on s'est abusivement servi de mon nom pour des priorités qui ne sont pas les miennes. La taxe Tobin n'est pas un tremplin pour les réformes dont ces gens veulent. Mais que faire?"''[...]
''"Les problèmes de la mondialisation ne seront pas réglés en s'opposant à ce qu'elle aille de l'avant. Tous les pays, comme leurs habitants, tirent profit du libre échange des biens et des capitaux."''
 
''"Les problèmes de la mondialisation ne seront pas réglés en s'opposant à ce qu'elle aille de l'avant. Tous les pays, comme leurs habitants, tirent profit du libre échange des biens et des capitaux."''[...]
''"C'est absolument faux [que la pauvreté a progressé] . Prenons la Corée du Sud, qui en 1960 était un pays extrêmement pauvre. Elle fait aujourd'hui partie des grandes nations industrialisées. Il en est de même de beaucoup d'autres "tigres", en dépit de la crise que l'Asie du Sud-Est a connue il y a trois ans. Ces pays restent à l'heure actuelle plus prospères qu'ils ne l'étaient il y a trente ans. Et cela grâce au commerce et aux capitaux étrangers."''
 
''"C'est absolument faux [que la pauvreté a progressé] . Prenons la Corée du Sud, qui en 1960 était un pays extrêmement pauvre. Elle fait aujourd'hui partie des grandes nations industrialisées. Il en est de même de beaucoup d'autres "tigres", en dépit de la crise que l'Asie du Sud-Est a connue il y a trois ans. Ces pays restent à l'heure actuelle plus prospères qu'ils ne l'étaient il y a trente ans. Et cela grâce au commerce et aux capitaux étrangers."''[...]
 
''"La pauvreté peut avoir bien des causes. La plupart de ces causes sont inhérentes aux pays mêmes. Ils n'améliorent pas leur situation en prenant les mesures que prônent les opposants à la mondialisation, telles que l'adoption partout dans le monde des conditions de travail des nations occidentales. Cela réduirait la compétitivité des pays pauvres sur les marchés des pays riches".''
''"La pauvreté peut avoir bien des causes. La plupart de ces causes sont inhérentes aux pays mêmes. Ils n'améliorent pas leur situation en prenant les mesures que prônent les opposants à la mondialisation, telles que l'adoption partout dans le monde des conditions de travail des nations occidentales. Cela réduirait la compétitivité des pays pauvres sur les marchés des pays riches".''


Dans le livre ''ATTAC où l'intoxication des personnes de bonne volonté'' , je démontre que  les échanges commerciaux et les investissements à l'étranger sont fondamentalement utiles aux pays pauvres. Il est donc tout simplement absurde de vouloir les taxer si l'on recherche l'essor des pays pauvres.
Dans le livre ''ATTAC où l'intoxication des personnes de bonne volonté'', je démontre que  les échanges commerciaux et les investissements à l'étranger sont fondamentalement utiles aux pays pauvres. Il est donc tout simplement absurde de vouloir les taxer si l'on recherche l'essor des pays pauvres.


</div>
</div>
[[wl:Jacques de Guenin]]
[[wl:Jacques de Guenin]]
402

modifications

Menu de navigation