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On dit d'un système social qu'il est soumis au déterminisme si, connaissant son état en ''t'', on est capable de prévoir son état à des « instants » ultérieurs, ''t'' + 1,..., ''t'' + ''k'', etc. Mais il faut immédiatement distinguer deux cas de figure. Il est possible que l'observateur ne dispose pas des éléments lui permettant de prévoir l'état d'un système en ''t'' + 1,..., ''t'' + ''k'', etc., bien que l'état futur du système soit contenu dans son état présent. | On dit d'un système social qu'il est soumis au déterminisme si, connaissant son état en ''t'', on est capable de prévoir son état à des « instants » ultérieurs, ''t'' + 1,..., ''t'' + ''k'', etc. Mais il faut immédiatement distinguer deux cas de figure. Il est possible que l'observateur ne dispose pas des éléments lui permettant de prévoir l'état d'un système en ''t'' + 1,..., ''t'' + ''k'', etc., bien que l'état futur du système soit contenu dans son état présent. On dira, dans ce cas, que le système est objectivement déterminé mais apparaît subjectivement comme indéterminé. Bien que le parcours d'une feuille qui tombe soit entièrement déterminé, il est difficile de prévoir son point de chute, car on ignore généralement les caractéristiques des forces qui déterminent son parcours. On sait seulement qu'elle a toutes chances, plus exactement, qu'elle a une certaine probabilité (dont la valeur peut être éventuellement déterminée) de tomber à l'intérieur d'un cerle donné. Lorsqu'un système est tel que, même en supposant un observateur omniscient, l'état du système en ''t'' + 1,...,''t'' + ''k'', etc., ne peut être connu à partir de la connaissance de son état en ''t'', on dira que le système est objectivement indéterminé ou qu'il est soustrait à la « loi générale » du déterminisme. La question de savoir s'il existe effectivement des systèmes objectivement indéterminés soulève d'épineuses questions philosophiques qui sortent du cadre de la présente discussion. La principale difficulté soulevée par les discussions philosophiques relatives au déterminisme réside sans doute dans le fait qu'elles introduisent immanquablement la fiction d'un observateur omniscient. Or, on peut se demander si cette notion n'est pas affectée d'une contradiction interne : comment un observateur non omniscient peut-il se mettre à la place d'un observateur omniscient ? On peut imaginer un observateur qui en saurait plus que tel observateur réel sur tel ou tel point. Mais la notion d'un observateur omniscient suppose que celui-ci soit informé sur des sujets dont l'observateur réel peut être incapable de concevoir la nature même. | ||
La sociologie a hérité de sa naissance — plus exactement de son institutionnalisation au XIXe siècle, à une époque où la physique est considérée comme la reine de sciences, et où règne dans cette discipline une conception laplacienne du monde (connaissant l'état du monde en t il est possible à l'observateur omniscient de prédire son état en ''t'' + 1,..., ''t'' + ''k'', etc.), une vision déterministe des systèmes sociaux. En d'autres termes, beaucoup de sociologues ont tendance à admettre que l'indétermination des systèmes sociaux ne peut être que subjective : l'état d'un système social en ''t'' + 1,..., ''t'' + ''k'', etc., est entièrement contenu dans son état en t. On relève bien entendu des erreurs de prévision, mais ces erreurs sont conçues comme résultant de l'ignorance où peut se trouver le sociologue de l'intensité des « forces » sociales (comme aurait dit Marx) à l'oeuvre dans tel ou tel système. | La sociologie a hérité de sa naissance — plus exactement de son institutionnalisation au XIXe siècle, à une époque où la physique est considérée comme la reine de sciences, et où règne dans cette discipline une conception laplacienne du monde (connaissant l'état du monde en t il est possible à l'observateur omniscient de prédire son état en ''t'' + 1,..., ''t'' + ''k'', etc.), une vision déterministe des systèmes sociaux. En d'autres termes, beaucoup de sociologues ont tendance à admettre que l'indétermination des systèmes sociaux ne peut être que subjective : l'état d'un système social en ''t'' + 1,..., ''t'' + ''k'', etc., est entièrement contenu dans son état en t. On relève bien entendu des erreurs de prévision, mais ces erreurs sont conçues comme résultant de l'ignorance où peut se trouver le sociologue de l'intensité des « forces » sociales (comme aurait dit Marx) à l'oeuvre dans tel ou tel système. |
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