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Ce vocable désigne un mouvement d'idées diffus et complexe qui s'est développé dans le domaine des sciences sociales au cours années 1960 principalement, pour ne pas dire à peu près exclusivement, sur la scène française. | Ce vocable désigne un mouvement d'idées diffus et complexe qui s'est développé dans le domaine des sciences sociales au cours années 1960 principalement, pour ne pas dire à peu près exclusivement, sur la scène française. | ||
== L'origine de l'analyse structurale == | |||
A l'origine, le structuralisme apparaît comme une tentative méthodologique pour étendre à d'autres sciences sociales les bénéfices de la révolution « structuraliste » telle qu'elle passait pour s'être développée en linguistique. La philologie classique s'était principalement orientée vers la description ''historique'' des langues dans leurs différentes composantes (vocabulaire, syntaxe, etc). Par contraste, la linguistique « structurale » se propose d'analyser la « structure » des langues. L'exemple de la phonologie permet d'illustrer aisément la signification de la notion de structure <ref>cf. article '''Structure''' du ''Dictionnaire critique de la sociologie''</ref> dans ce contexte. La phonologie « classique » se donne pour objectif la détermination des phonèmes (c'est-à-dire des sons élémentaires) des langues. Éventuellement, elle s'efforce de décrire l'évolution de ces phonèmes dans le temps ou leur variation d'une région à l'autre; de comparer les stocks de phonèmes de l'allemand à ceux du français, etc. La phonologie « structurale » se soucie plutôt, quant à elle, d'établir que l'ensemble des phonèmes d'une langue forme un ''système'' cohérent, capable de constituer un support « commode » et économique aux processus de communication. Considérons par exemple les phonèmes de l'anglais. Selon Jakobson, ils représentent tous des combinaisons de 12 « traits distinctifs » binaires élémentaires : « vocalique/non vocalique », « consonnantique/non consonnantique », « grave/aigu », « nasal/oral », « continu/instantané », etc. Ces 12 traits binaires peuvent en théorie donner lieu à 2^12 = 4096 combinaisons ou phonèmes possibles. En réalité, la plupart des langues (dont l'anglais) n'utilisent que quelques dizaines de phonèmes au total. Naturellement, les phonèmes réels ne représentent pas une « sélection » aléatoire des phonèmes possibles : ils représentent un « système » de combinaisons distinctifs élémentaires dont la phonologie structurale se propose précisément d'analyser la « stucture » <ref>cf. article '''Structure''' et '''Système''' du ''Dictionnaire ...''</ref>. | A l'origine, le structuralisme apparaît comme une tentative méthodologique pour étendre à d'autres sciences sociales les bénéfices de la révolution « structuraliste » telle qu'elle passait pour s'être développée en linguistique. La philologie classique s'était principalement orientée vers la description ''historique'' des langues dans leurs différentes composantes (vocabulaire, syntaxe, etc). Par contraste, la linguistique « structurale » se propose d'analyser la « structure » des langues. L'exemple de la phonologie permet d'illustrer aisément la signification de la notion de structure <ref>cf. article '''Structure''' du ''Dictionnaire critique de la sociologie''</ref> dans ce contexte. La phonologie « classique » se donne pour objectif la détermination des phonèmes (c'est-à-dire des sons élémentaires) des langues. Éventuellement, elle s'efforce de décrire l'évolution de ces phonèmes dans le temps ou leur variation d'une région à l'autre; de comparer les stocks de phonèmes de l'allemand à ceux du français, etc. La phonologie « structurale » se soucie plutôt, quant à elle, d'établir que l'ensemble des phonèmes d'une langue forme un ''système'' cohérent, capable de constituer un support « commode » et économique aux processus de communication. Considérons par exemple les phonèmes de l'anglais. Selon Jakobson, ils représentent tous des combinaisons de 12 « traits distinctifs » binaires élémentaires : « vocalique/non vocalique », « consonnantique/non consonnantique », « grave/aigu », « nasal/oral », « continu/instantané », etc. Ces 12 traits binaires peuvent en théorie donner lieu à 2^12 = 4096 combinaisons ou phonèmes possibles. En réalité, la plupart des langues (dont l'anglais) n'utilisent que quelques dizaines de phonèmes au total. Naturellement, les phonèmes réels ne représentent pas une « sélection » aléatoire des phonèmes possibles : ils représentent un « système » de combinaisons distinctifs élémentaires dont la phonologie structurale se propose précisément d'analyser la « stucture » <ref>cf. article '''Structure''' et '''Système''' du ''Dictionnaire ...''</ref>. | ||
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La théorie de Lévi-Strauss s'est heurtée à de sérieuses objections. G. Homans par exemple souligne son caractère téléologique (les règles du mariage ont pour ''fonction'' d'assurer la solidarité du groupe). D'autre part, il relève que le mariage préférentiel avec la fille du frère de la mère est plus fréquent dans les sociétés patrilinéaires, où ''Ego'' entretient des rapports distants avec son père et avec la soeur de son père, tandis que ses rapports avec sa mère et avec le frère de celle-ci sont familiers et chaleureux. Selon Lévi-Strauss, insister sur de tels ''faits'', c'est revenir aux « vieux errements » du « psychologisme ». Pour sa part, Leach devait souligner à partir notamment de l'analyse des systèmes Kachin qu'il est impossible d'isoler les échanges matrimoniaux de l'ensemble plus vaste (échanges économiques, politiques, etc.) auquel ils appartiennent. | La théorie de Lévi-Strauss s'est heurtée à de sérieuses objections. G. Homans par exemple souligne son caractère téléologique (les règles du mariage ont pour ''fonction'' d'assurer la solidarité du groupe). D'autre part, il relève que le mariage préférentiel avec la fille du frère de la mère est plus fréquent dans les sociétés patrilinéaires, où ''Ego'' entretient des rapports distants avec son père et avec la soeur de son père, tandis que ses rapports avec sa mère et avec le frère de celle-ci sont familiers et chaleureux. Selon Lévi-Strauss, insister sur de tels ''faits'', c'est revenir aux « vieux errements » du « psychologisme ». Pour sa part, Leach devait souligner à partir notamment de l'analyse des systèmes Kachin qu'il est impossible d'isoler les échanges matrimoniaux de l'ensemble plus vaste (échanges économiques, politiques, etc.) auquel ils appartiennent. | ||
== Le dérapage métaphysique == | |||
Il faut souligner que, si les révolutions « structurales » (adoption d'une perspective « structurelle ») de la linguistique et l'anthropologie doivent être tenues pour locales plutôt que générales dans la mesure où elles ne font qu'étendre à de nouveaux domaines une idée ancienne , elles ont donné naissance à des innovations méthodologiques dépassant le cadre de l'ethnologie et de la linguistique. Ainsi, la phonologie structurale, la syntaxe structurale de Chomsky, les travaux de Lévi-Strauss et Weil, ceux de Bush sur les structures de la parenté utilisent une instrumentation mathématique novatrice qui a contribué à leur audience et à leur prestige. | Il faut souligner que, si les révolutions « structurales » (adoption d'une perspective « structurelle ») de la linguistique et l'anthropologie doivent être tenues pour locales plutôt que générales dans la mesure où elles ne font qu'étendre à de nouveaux domaines une idée ancienne , elles ont donné naissance à des innovations méthodologiques dépassant le cadre de l'ethnologie et de la linguistique. Ainsi, la phonologie structurale, la syntaxe structurale de Chomsky, les travaux de Lévi-Strauss et Weil, ceux de Bush sur les structures de la parenté utilisent une instrumentation mathématique novatrice qui a contribué à leur audience et à leur prestige. |
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