Note du traducteur : lorsque le site de Lew Rockwell attira mon attention sur l'article suivant, quelle ne fut pas ma surprise. Un (ultra)libéral conseiller de Poutine ? Je croyais ce genre d'affirmation plutôt réservée aux journalistes communistes de l'Humanité. Mais non le premier avril est déjà loin. Mon étonnement est partagé par d'autres (voir "News" sur le site Laissez Faire Books). Je reste toutefois perplexe sur une conversion future de Poutine. Espérons...
Le nouveau conseiller économique du président Poutine, Andrei Illarionov, a montré mardi sa couleur politique en soutenant bruyamment les idées de l'une des plus influentes personnalités à avoir façonné la pensée occidentale sur le libre échange : Ayn Rand.
"Tout tarif douanier sur les importations et toute limite au commerce avec l'étranger sont des coups portés contre notre connaissance. Tout impôt agit contre notre liberté" a-t-il dit mardi lors d'une conférence de presse dédiée au lancement des oeuvres de Rand en langue russe. Rand a connu la gloire dans les années 1940 pour sa théorie de "l'objectivisme", qui met en avant le capitalisme de laissez-faire comme le seul système qui défende la liberté individuelle.
Illarionov a appelé à faire reculer les interventions de l'Etat dans l'économie et a dit que l'idée selon laquelle des réformes libérales auraient eu lieu depuis huit ans en Russie n'est qu'un mythe. Il a ajouté que, pour que la Russie connaisse un "miracle économique" comparable à ceux qui se sont produits à Taiwan ou au Japon, il faudrait trancher dans les dépenses étatiques.
Il a ajouté : "Si nous voulons vraiment une croissance économique rapide, alors tôt ou tard il faudra faire baisser les dépenses de l'Etat à moins de 20 pour cent du PNB et baisser les impôts sur la même base".
Le président élu Vladimir Poutine a appelé la Russie à faire croître la croissance économique pour atteindre 10 pour cent par an, afin de rattraper "rapidement" le reste du monde. Cependant, Illarionov n'a pas dit si ses vues sur le retrait de l'Etat pour réussir cette croissance ont rencontré un écho favorable auprès de son nouveau patron.
"M. Poutine écoute attentivement tous les points de vues et propositions économiques et fait ensuite son choix" : voilà la seule chose que peut dire Illarionov.
Malgré tout, Illarionov dit espérer que le reste de la Russie va tomber sous le charme de Rand. Dimitri Kostygine et Yaroslav Rementchouk, les éditeurs et traducteurs de ses oeuvres ont dit mardi qu'ils espéraient persuader le Ministre de l'éducation de rendre la lecture de Rand obligatoire dans les écoles.
En attendant, Poutine possède un exemplaire d'Atlas Shrugged dans sa bibliothèque personnelle, a affirmé Illarionov, bien qu'il n'ait pas précisé si le président l'avait lu ou apprécié.
Illarionov a cité le résultat d'un sondage d'opinion aux Etats-Unis qui plaçait Atlas Shrugged en deuxième position, derrière la Bible, parmi les livres ayant eu le plus d'influence. Il a singularisé l'influence de Rand sur Alan Greenspan, le président de la Banque centrale américaine.
"Greenspan a été salué plusieurs fois comme le génie à l'origine de la "Nouvelle économie" américaine et du boom économique des années 90. Il était un ami personnel de Rand", a précisé Illarionov. "Si certains ici étaient pareillement influencés par son oeuvre, je serais ravi".
Mais, tout en disant que les régulations étatiques étaient un coup porté contre la liberté individuelle, Illarionov a cité l'exemple du plan économique chilien au temps de la dictature du général Pinochet comme un exemple idéal de bon programme économique.
Il a aussi critiqué le réservoir d'idée ("think tank") de Poutine pour avoir l'intention d'écrire un programme économique de 300 pages.
"Il vaut mieux que les programmes soient courts. L'un des meilleures exemples est le programme du Chili. Il faisait 15 pages et ne faisait que poser les principes et les bases pour les relations de l'Etat avec la société." a dit Illarionov. "De 1975 à 1990 c'était l'âge d'or des réformes économiques chiliennes, pendant lequel le Chili a rattrapé le reste de l'Amérique latine. "
Illarionov a comparé une Banque centrale qui émet de la monnaie qui n'est pas garantie par des réserves à un citoyen imprimant de la fausse monnaie dans sa propre arrière-cour.